Skip to main content
Accès choristes

Animation Maison de Retraite ZIMMERMANN (ISSENHEIM)

Le 19 mars 2016

Ma chère Bernadette,

Samedi dernier, c’était concert dans notre belle maison Zimmermann, à Issenheim !

Marie nous avait préparés à cet événement et je me réjouissais au point de ne presque rien manger, tellement j’étais nerveuse. Tu me connais, quand je suis nerveuse…

Nous étions donc tous installés dans la grande salle d’animation quand un jeune homme – je crois que c’était leur président - a dit quelques mots de présentation. Tout le monde n’a pas tout compris. Tu sais, Bernadette, les vieux n’écoutent pas toujours, surtout après le repas, mais quand Alban, un peu dur de la feuille, m’a demandé de quelle crèche il parlait, je lui ai répondu , mais c’est Crescendo, son nom, à cette chorale !!! CRE-SCEN-DO !!!! Et tout le monde s’est mis à applaudir.

Ils arrivaient, en effet, les uns derrière les autres, d’abord les hommes, tout de noir vêtus, élégants avec leur cravate orange fluo, puis les femmes, robe noire et fleur orangée. Ça se mariait bien avec les cravates des messieurs.

Je dois te dire, ils n’en finissaient pas d’arriver, tellement y en avait ! Les pauvres, ils étaient serrés comme des sardines. Je me suis dit qu’ils n’auraient jamais assez de place. On a dû déplacer Ernest, avec son fauteuil pour leur permettre d’installer un petit piano, puis encore leur chef devant.

Mais j’n’avais pas encore tout vu ou plus exactement tout entendu !

D’habitude, j’avoue que les pensionnaires ne sont pas toujours très concentrés, c’est le moins que l’on puisse dire. Les uns préoccupés par quelques flatulences postprandiales, d’autres béatement enfouis dans les bras de Morphée, d’autres encore colportant les derniers cancans …, les après-midis sont souvent un peu difficiles.

Mais là, quand ils se sont mis à chanter, même mon voisin Léon s’est réveillé, lui qui somnole toujours après le repas !

Faut dire qu’il y avait de l’entrain, ils ont chanté durant presque une heure. Et leur chef, une blonde, menait tout cela avec un sourire et un dynamisme communicatifs.

La preuve, personne n’a bavardé. Même Grafouillotte et Suzanne, les pipelettes de service, étaient scotchées, pour une fois !!! D’ailleurs, Suzanne n’arrêtait pas de regarder un grand monsieur, au front dégarni et à moustache, dont la voix profonde résonnait au fond du chœur… Grafouillotte elle-même se serait bien vue au bras d’un séduisant ténor (je n’ai pas réussi à savoir lequel, c’est bien dommage…)

Alors pour les chants, je ne te raconte pas, juste quelques touches, comme ça, histoire de te faire saliver…

Quelques chansons renaissance ont fait naître des envies : j’ai bien vu qu’Armelle se sentait toute émoustillée et que les yeux de Roger, son voisin d’étage, se chargeaient d’une amoureuse ardeur ! A croire que ses meilleurs souvenirs lui revenaient en rythme.

Ah, le tourdion ! Plus d’un pensionnaire lorgnait vers les bouteilles aux sons du tourdion ! Et les choristes chantaient :« Buvons bien, trinquons, vidons nos verres » !!!! (Pour ton info, la maison leur a offert un pot à l’issue du concert.)

La séquence souvenirs n’a laissé personne indifférent, avec « Céline » ou encore « Quand il est mort le poète » ! Elles étaient belles et tendres, ces chansons de notre jeunesse ! Plus d’une lèvre en tremblait et j’ai, de mes yeux vu, plus d’une tête blanche se balancer en cadence… Nostalgie, nostalgie !

Mais, lorsque les soldats de Turenne ont franchi le Rhin, j’ai vu Gaston qui se cramponnait à son fauteuil, tellement les murs ont résonné ! Il se croyait revenu au temps de son service militaire en 56 à Donaueschingen.

La spéciale dédicace « italienne » à Baptiste nous envoûta tous. C’était beau, ça m’a rappelé les gondoles à Venise… Et Baptiste nous enchantait encore de sa voix mélodieuse et chaude, il n’y a pas si longtemps ! Je suis sûre que cela lui a fait chaud au cœur.

Après, ils ont interprété des chants en anglais. Je ne comprends rien à l’anglais, mais, sais-tu, ma chère Bernadette, ce qui m’a émue ? Ce sont les nuances qu’ils ont su apporter à ces mélodies : pas de monotonie, beaucoup de grâce, de retenue parfois. J’ai a-do-ré ! Comme quoi, tu vois, pas besoin de comprendre la langue pour ressentir et aimer !

Tu sais quoi, ils ont même entonné une spéciale pour le départ à la retraite de Marie : ça s’appelait la fumée ! Sur un rythme un peu latino, tu vois.

Et pour finir, tu ne me croiras jamais si je te dis qu’ils ont chanté en alsacien, woui, en alsacien !!

Wia esch’s lawa scheen ! Alors là, nous étions un certain nombre à connaître cette rengaine qui accompagnait autrefois nos sorties du dimanche, tu t’en souviens ? En tout cas, moi, ça m’a fait quelque chose !

Te rends-tu compte que cette chanson a pris moins de rides que nous autres ?

Que veux-tu, ma chère Bernadette, cela ne nous rajeunit pas, mais je peux te dire que nous avons passé un bel après-midi en compagnie de ces joyeux choristes de CRESCENDO. J’espère qu’ils reviendront bientôt !

Ton amie Alice, qui t’embrasse !

Photo